La pêche à la mouche est la technique de pêche reine pour rechercher truites fario et arc-en-ciel, saumons et carnassiers. La pêche de la truite à la mouche sèche sur gobage, en noyée, en nymphe à vue ou en nymphe au fil avec une canne à mouche et une soie naturelle ou artificielle est tout simplement passionnante. La pêche au streamer permet de pêcher brochets, perches et même bars, tandis que la pêche en réservoir est une technique à part entière, en quête de truites arc-en-ciel combatives.
Qu'est-ce que la pêche à la mouche ?
La pêche à la mouche, ou « pêche au fouet » telle que nous la connaissons aujourd’hui est apparue au 19e siècle en Angleterre. Quelques passionnés avant-gardistes comme Sawyer ou Skues, ont beaucoup fait évoluer la pratique. Au départ élitiste et uniquement pratiquée en sèche, ces précurseurs ont fait évoluer la technique en introduisant la pêche à la mouche sous l’eau, donc en nymphe, après avoir compris que les truites se nourrissaient majoritairement sous l’eau, et en fait très peu en gobant en surface.
La pêche à la mouche a connu un essor considérable en France, notre réseau hydrographique se prêtant à cette technique dans de nombreuses régions. La pêche à la mouche cible principalement la truite fario et l’ombre commun en rivière de première catégorie, ou de façon malheureusement beaucoup plus marginale de nos jours, le saumon lors de sa migration. Mais depuis quelques années, ou un peu plus, d’autres techniques sont apparues : la pêche des truites arc-en-ciel en réservoir, la pêche du brochet ou du bar au streamer, et même la pêche de la carpe.
Pour bien débuter en pêche à la mouche, il est important de bien maîtriser la gestuelle de lancer, qui est un peu particulière, car il s’agit de lancer précisément un leurre de très faible poids : la mouche artificielle, à l’aide d’une canne armée par le poids de la soie. On peut considérer la pêche aux leurres comme plus « facile » dans ce domaine, car c’est le poids du leurre en bout de ligne qui arme la canne. L’idéal est d’avoir un ami qui maîtrise bien la technique pour l’initiation, ou, encore mieux, d’habiter près d’un club mouche qui a une école de lancer. S’entrainer seul entre les cours fera beaucoup pour la réussite, en ayant idéalement une rivière à proximité ou chevesnes et autres rotengles monteront sur vos premiers posés.
Quel matériel employer pour pêcher à la mouche ?
1. La canne à mouche :
- sa longueur : Les cannes mouchent mesurent généralement de 6 à 10 pieds (un pied = 30cm). Plus la rivière sera encombrée et étroite, plus on choisira une canne courte. Une canne de 9 pieds pour une soie de 5 est considérée comme une canne polyvalente pour la pêche en sèche ou en nymphe à vue en rivière, tandis que les cannes de 10’, soie de 6 à 7, couvriront la plupart des techniques spécifiques au réservoir comme le streamer.
- son action : L’action de la canne (rapide, moyenne ou lente) détermine sa flexibilité. Une canne d’action moyenne, voire lente, est souvent recommandée pour les débutants, car on sent mieux la canne s’armer, et la soie tirer sur le blank lors du mouvement arrière. Les cannes d’action rapide sont à réserver aux pêcheurs à la mouche confirmés.
2. Le moulinet :
Le moulinet mouche doit former un ensemble équilibré avec la canne pour une pratique optimale et sans fatigue. Les moulinets mouche modernes, en alu usiné, injecté, ou en composite, sont des moulinets dits « large arbor » ou à bobine large. Ils permettent un enroulement facile de la soie et du backing. Les moulinets semi automatiques ont aussi leurs adeptes : grâce à leur levier, ils rembobinent la soie très rapidement. Ils sont aussi fortement recommandés pour la nymphe au fil.
3. La soie :
Les soies artificielles les plus utilisées de nos jours sont des modèles à fuseau décalé (WF ou Weight Forward) car elles arment facilement la canne et permettent de lancer loin en réservoir en utilisant le principe de la « double traction ». Les soies DT (Double Taper) ont aussi leurs partisans pour la rivière, car elles sont plus douces avec leurs 2 fuseaux symétriques, et autorisent des posés et des arrachés plus délicats, un plus sur les poissons éduqués. Pour la rivière, on utilisera des soies flottantes, mais pour le réservoir, des soies plus ou moins plongeantes sont indispensables pour pêcher dans la couche d’eau, voire au ras du fond.
Les soies naturelles ont gardé leurs adeptes, elles sont plus fines que les soies artificielles qui sont constituées d’une âme tressée enrobée de plastique, passent mieux dans le vent, et procurent les posés les plus délicats. Inconvénient : il faut les sécher et les graisser après chaque sortie, tandis que les soies artificielles sont quasiment sans entretien.
Pour la truite et l’ombre commun en rivière en sèche, en nymphe à vue ou en sèche nymphe, Terres et Eaux recommande une soie flottante DT ou WF numéro 3 à 5, avec une canne allant de 7’6 pour les petites rivières boisées, à 10’ pour les rivières larges. Pour le réservoir, une soie WF numéro 6 à 8 pour une canne de 10’ sera parfaite, et à décliner entre modèle flottant et versions intermédiaires ou plongeantes pour explorer les différentes couches d’eau. Pour la pêche des carnassiers au streamer, une soie WF9 flottante est recommandée pour équiper une canne puissante de 9’ soie de 9.
Enfin, pour pratiquer la nymphe au fil, une soie parallèle de 0,55, ou simplement une bonne longueur de fil fluorescent bi ou tricolore feront l’affaire (pêche sans soie dite « à l’espagnole ».
4. Le bas de ligne et la pointe :
Le bas de ligne est essentiel assurer la continuité entre le cône dégressif de la soie et la mouche très légère. C’est pour cela qu’il est parfois appelé « queue de rat », car il est lui aussi dégressif, et terminé par une pointe allant du 10 au 16 centièmes selon le type de pêche. Il doit être suffisamment long et fin pour permettre à la mouche de se poser délicatement sur l’eau. La longueur la plus communément admise est de 1,5 fois la longueur de la canne, mais il peut parfois être beaucoup plus long, de 4 à 5m avec une pointe très fine, pour des pêches en sèche délicates de poissons méfiants, sur des lisses ou par eaux basses. Pour la nymphe au fil, le bas de ligne se terminera par une pointe en fluorocarbone, invisible et sans élasticité, avec une nymphe en pointe, ou deux nymphes dont une en potence.
5. Le choix des mouches :
Les truites et ombres se nourrissent en partie d’insectes aquatiques ou terrestres, en surface ou sous l’eau, que le pêcheur à la mouche s’efforce d’imiter au mieux. C’est d’ailleurs un plaisir supplémentaire que de prendre des poissons avec des mouches que l’on aura montées soi-même, le fly-tying étant complémentaire de la pêche à la mouche, à condition d’acquérir quelques notions d’entomologie de base.
On distingue plusieurs types de mouches artificielles :
- les mouches sèches : elles imitent les insectes adultes, imagos ou ou subimagos dérivant sur l’eau, principalement des éphémères lors d’éclosions, parfois massives, mais aussi de trichoptères ou sedges comme la célèbre phrygane, ou encore d’insectes terrestres volants comme la fourmi, la bibio marci ou la babarotte.
- les nymphes : elles représentent les formes larvaires de ces mêmes insectes aquatiques sous l'eau, pendant leur phase d’émergence. On les imite avec des nymphes nom plombées, légèrement plombées, ou à bille tungstène pour la pêche en nymphe au fil.
- les streamers : ils imitent de petits poissons fourrage comme le vairon ou le gardon, ou de gros insectes aquatiques, et sont efficaces sur les gros poissons carnassiers : grosses truites fario, brochets, black-bass ou perches.
6. Les accessoires indispensables :
- une bonne épuisette raquette avec des mailles caoutchoutées facilite la capture des poissons et leur remise à l’eau sans les blesser. Le conseil Terres et Eaux : mouillez-vous la main avant de manipuler les poissons, ne les serrez pas, ne les laissez pas trop longtemps hors de l’eau pour quelques photos.
- des pinces et un coupe-fil : utiles pour retirer les hameçons, refaire un bas de ligne.
- un gilet de pêche ou un chest-pack : ils offrent de multiples poches accroches pour transporter boites de mouches, bobines de fil, pinces et ramasse-fil.
- des lunettes polarisantes : en éliminant tout ou partie de la réverbération, elles permettent de mieux visualiser la structure du fond, ainsi que les mouvements de poissons en pêche à vue.
- des waders respirants : parfaits pour la truite en rivière, ils maintiennent au sec et au chaud, avec des chaussures de wading à semelles feutre ou caoutchouc. Un bâton de wading est également recommandé pour se déplacer dans l’eau et sur la berge en toute sécurité.
7. Quelques conseils additionnels :
- Avant d’entreprendre un séjour de pêche à la mouche, renseignez-vous sur les spécificités locales : taille minimum de capture autorisée, nombre de captures autorisées, parcours no kill, wading autorisé… Pour cela il y a les sites internet des Fédérations de Pêche et de certaines AAPPMA.
- Respectez l'environnement et les poissons : pratiquez toujours une pêche responsable en respectant les règlementations locales, idéalement en no kill ou avec des prélèvements raisonnés de poissons adultes de belle taille, et en minimisant l'impact sur les poissons et leur habitat : utilisez des hameçons sans ardillon, ne laissez pas trainer de fil de pêche sur les berges, ni de mouches dans les arbres ou les buissons quand c’est possible, et bien sûr ramassez vos mégots et vos déchets.